Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Résistance polonaise en Saône-et-Loire

Arrivée des GIP en Pologne (nov. 1945)



< vers l'article précédent : "De la Forêt Noire à Varsovie"

 

 

 

 

Les actualités cinématographiques polonaises (source : Youtube) :

Le défilé des 19ème et 29ème GIP à Varsovie, le 18 novembre 1945

(visualiser la 1ère séquence jusqu'à 1mn50)

 

 

 

Les 19ème et 29ème GIP arrivent en Pologne avec armes et bagages à la mi-novembre 1945. Le 14 novembre, ils sont reçus à Cracovie : défilé, accueil par la municipalité et les autorités militaires place du Rynek Glowny, puis messe à l’église Mariacki (voir reportage photos dans la revue "Zolnierz Polski" en bas de cette page).  En même temps se tient dans la ville le 1er congrès des volontaires polonais de l’Armée républicaine espagnole - les Dabrowszczacy -, dont beaucoup arrivent aussi de France.

Le 18 novembre 1945, c’est l’apothéose à Varsovie, avec là encore défilé dans la ville en ruines et accueil par les plus hautes autorités. Sont présents Boleslaw Bierut, président du Conseil national, Edward Osobka-Morawski, 1er ministre du gouvernement provisoire, le maréchal Rola-Zymierski, commandant en chef de l’Armée polonaise…

La population réserve à ces soldats un accueil enthousiaste, mais non dénué de quiproquo : ce sont en effet les seules forces polonaises ayant combattu à l’Ouest à rentrer au pays. Ils portent des casques et des uniformes américains ou français, ce qui déchaîne les vivats de la foule qui les associe à l’épopée du général Anders ou à celle des blindés de Maczek, mais ceux-là sont encadrés par des officiers communistes, qui vont recevoir l’accolade de Boleslaw Bierut (il remettra à Boleslaw Jelen, Jan Gerhard et Boleslaw Maslankiewicz la Croix de Grunwald de IIIème classe).

La propagande jouera abondamment de cette popularité, en répandant le message que les Polonais ayant combattu à l’Ouest l’avaient fait principalement dans les rangs de la résistance communiste.

 

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 En chemin vers la Pologne

 

 

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Dans Varsovie en ruines, visite au tombeau du soldat inconnu...

 

 

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Défilé dans la ville

 

 

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Boleslaw Jelen (de dos) présente les troupes à (de D à G) Bierut, Osobka-Morawski, Rola-Zymierski. Au second rang, on reconnaît les officiers français Huret (bonnet) et Thévenon (képi), qui viennent remettre les GIP à la Pologne communiste..

 

 

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Le discours de Boleslaw Bierut

 

 

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La revue des troupes par le maréchal Rola-Zymierski, accompagné de Boleslaw Jelen ,

derrière eux l'officier français Huret.

 

 

 

 

L'événement tel qu'il fut présenté en Pologne          ECOUTEZ LA RADIO POLONAISE !  

 

Les actualités cinématographiques ne constituent qu'un des moyens de la propagande ; vous trouverez ci-dessous deux autres exemples de mobilisation des média de masse pour couvrir l’événement

  

Radio polonaise - Nous avons retrouvé aux archives (Narodowe Archiwum Cyfrowe – Varsovie) la bande son de l’événement. L’émission est construite comme un pseudo direct, avec un discours de présentation des troupes et de leurs actions dans la Résistance, une ambiance sonore où l’on reconnaît surtout les hymnes polonais et français, et l’allocution de Boleslaw Bierut.

Vous pouvez entendre l'enregistrement complet en cliquant sur la flèche ci-dessous (il dure 12mn, le discours de Bierut se situe à la fin) :

 

 

 

 

 

Ou bien seulement l'allocution de Bierut, en cliquant ci-dessous :   

 

 

 

"Soldats polonais, je vous souhaite la bienvenue, vous qui arrivez sur la terre de vos pères après des combats héroïques contre l’envahisseur allemand. Au nom de la République de Pologne, je vous remercie de votre vaillance dans votre travail de soldat et de votre sacrifice, je vous remercie d’avoir été prêts à verser votre sang pour l’indépendance et la liberté de notre patrie. Vous êtes arrivés dans ce pays détruit et déshonoré par la sauvagerie des barbares allemands ; notre nation connait de nombreuses difficultés, il nous faut relever le pays de ses ruines. Nous sommes convaincus que notre nation, tout comme elle a su mener un combat héroïque pendant 6 ans contre les nazis, ne reculera pas aujourd'hui, en période de paix, devant le travail pour reconstruire la patrie bien-aimée. (Nous sommes convaincus) que vous allez vous joindre à ce travail, avec le même enthousiasme que vous avez développé pour l’indépendance et la liberté de tous les pays enchainés par les Nazis.

Vive l’armée polonaise qui revient dans sa patrie… Vive la France alliée… "

 

 

Le journal de l'Armée "Zolnierz Polski" n°12 (23-29 novembre 1945), consacre sa une et un dossier de trois pages à l'événement, montrant surtout des images de la journée à Cracovie...  (cliquez sur chaque page pour l'agrandir)

 

 

 

 

 

 

 Traduction de l'article Z ZIEMI FRANCUSKIEJ DO POLSKI :

 

"Le retour si attendu de notre armée de l'Ouest a bien commencé. Les 19ème et 29ème Groupements d'Infanterie Polonaise au sein de la Première Armée Française, placés sous les ordres du major Jeleń, ont franchi la frontière polonaise, avec leur armement complet. L'histoire de ce détachement montre que les Polonais, indépendamment de leur lieu de séjour, ont pris les armes pour s'engager dans le combat de la libération et se frayer le chemin du retour au pays.

- Dés le début, notre objectif a été le retour au pays - nous a dit le major Gerhard, commandant du 19ème groupement (ndr : en réalité, du 29ème). Les familles de nos soldats vont les rejoindre bientôt.

A la question sur l'origine de la formation, il nous répond :

- 90% des officiers et des sans grandes ont été recrutés parmi les membres de la Résistance en
France, qui s'étaient battus avec ténacité contre l'occupant. Ils faisaient partie de détachements internationaux où les Polonais ont joué à maintes reprises un rôle important. Ces détachements existaient dans toute la France, et toutes les opérations étaient concertées avec le commandement français. Les Polonais étaient souvent chefs de groupes de combat. Dans notre formation, il y a trois officiers, qui pendant les combats du maquis, étaient responsables de districts militaires couvrant chacun l'étendue de sept départements. Ce sont le major Jeleń, notre commandant actuel, le major Maślankiewicz et le major Gerhart. Dans nos rangs, il y a aussi un vétéran de la guerre d'Espagne, le capitaine Chrost, qui dirigeait un groupe de partisans sur les arrières de l'armée du général Franco. Par contre en France, il était chef d'un sous district dans le maquis. Nos troupes de maquisards se sont surtout battus dans le Centre de la France. Avec l'arrivée des Alliées, tout a changé. Nos détachements ont joué un rôle important dans la libération de Lyon et ont libéré plusieurs petites villes. Après l'incorporation dans l'Armée française, on a fait toute la compagne de libération dans les Vosges, l'Alsace et on a passé le Rhin.

- Est-ce que l'organisation de la Résistance française était uniforme ?

- En principe oui. Il y avait quelques groupes qui n'étaient pas subordonnés et dirigés depuis Londres ; il s'agit des F.T.P. (Francs Tireurs et Partisans). Il faut dire que leurs détachements dirigés par un commandement français menaient des opérations militaires sans cesse. Par contre les troupes dépendant de Londres, malgré leurs possibilités matérielles, menaient une tactique d'attente avec l'arme au pied. Il faut souligner qu'ils avaient en réserve beaucoup de matériel, qui tombait souvent aux mains des Allemands.

Il faut aussi mentionner l'activité néfaste de POWN – une organisation militaire polonaise dirigée par Sosnkowski, qui a brisé l'unité du mouvement polonais en France. Ces gens ont employé toutes sortes de moyens ignobles, en commettant parfois des trahisons. Il y a eu souvent des cas de dénonciation aux Allemands. Inutile de dire combien un tel comportement a nui à la réputation de la Pologne.

- Quelle est la situation des Polonais en France ?

- Elle s'est nettement améliorée par rapport à l'avant la guerre. L'attitude du gouvernement et de la population française a été exceptionnellement amicale. Mais à chaque chose, il y a toujours deux aspects. Dans l'Emigration, il y a une grande envie de retourner au pays. La France quant à elle, souffre d'un manque d'ouvriers, en particulier dans les mines, et ce n'est pas étonnant. Les Français souhaitent donc encourager les ouvriers polonais à rester en France. Le monde du travail polonais sait cependant que sa place est au pays.

En tant que groupe militaire démocratique, on n'a pas hésité une seconde. Nous voulons participer à la reconstruction de la Pologne, et nous voilà."

 

 

 

POLSKA ZBROJNA = la Pologne en Armes

 

 

 

 

 

Le n°256 du 25 nov. 1945 publie une interview de Boleslaw Maslankiewicz.

- Lire en cliquant ici -

 

 

 

 

Qu'allaient-ils devenir ?

 

Les soldats des 19ème et 29ème GIP allaient en effet rester dans la nouvelle Pologne populaire, sans possibilité de retour avant de longues années. Leur destin là-bas sera marqué par l'évolution des relations franco-polonaises avant et pendant la guerre froide. Beaucoup furent versés d'abord dans les forces répressives du nouveau régime ; ils allaient collaborer à la période la plus noire du stalinisme polonais, avant eux-mêmes de devenir suspects, mis à l'écart, parfois persécutés. Leur histoire collective mérite d'être écrite...

 

 

 

 



27/12/2012
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